Une femme à la tête de Christie's France
Cécile Verdier
Après avoir passé dix ans chez Sotheby’s, elle vient de prendre la direction de la maison
de ventes Christie’s France. Une nomination qui annonce une nouvelle ère.
Par Eric JansenOn l’avait quittée rouge de bonheur et de confusion après les chaleureux remerciements que lui avait adressés Jacques Grange. C’était en novembre 2017 et le décorateur pouvait être ravi : la vente de sa collection estimée autour de 10 millions avait fait plus de 28 millions d’euros. Un succès auquel il associait bien naturellement Cécile Verdier. Durant près d’un an, elle l’avait accompagnée, devançant ses désirs, le conseillant parfois, faisant tout pour que sa collection soit perçue comme il le souhaitait. « Accompagner quelqu’un qui vend, c’est entrer dans son mental, comprendre exactement ce qu’il attend et ensuite fédérer une maison autour. » La maison en l’occurrence s’appelle alors Sotheby’s…
Quelques mois plus tard, Christie’s démarche Cécile Verdier. « Ils m’ont fait une proposition qu’il était difficile de refuser. Cela faisait dix ans que j’étais chez Sotheby’s, j’y étais très heureuse, mais je ne voyais pas comment évoluer. Et puis, c’était comme revenir à mes premières amours. » Car en 1997, la jeune commissaire-priseur faisait ses premiers pas chez Christie’s. La maison de ventes n’a pas encore le droit d’officier en France. Cécile Verdier se familiarise avec les arcanes du métier à Londres, avant de tenir le marteau pour des enchères qui la marqueront. « Je me souviens de la vente Delbée-Jansen en décembre 1999 à Monaco, puis celle du mobilier XVIIIe de Karl Lagerfeld. » En 2001, Christie’s ouvre à Paris, avec la collection de Charles-Otto Zieseniss. « François Pinault était au troisième rang et me faisait des clins d’œil pour me soutenir quand ça ne décollait pas. » Sa relation très amicale avec le propriétaire de la maison date de cette époque et elle le retrouve aujourd’hui avec plaisir. « Sa présence change tout. Il a vraiment donné au bureau de Paris les moyens de se développer. » Entre temps, des inventaires Cécile Verdier est passée au département arts décoratifs du XXe siècle. Sa passion. Elle y connaît de grands moments de joie, comme quand en 2006, la vente Claude et Simone Dray fait 50 millions… En revanche, elle ne profitera pas du succès de celle d’Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé en 2009 : deux ans plus tôt, Sotheby’s lui a proposé d’être la patronne de son département arts décoratifs du XXe siècle. « J’ai rencontré Guillaume Cerruti et ça a été une évidence, nous étions absolument sur la même longueur d’onde. » Dix ans plus tard, il est devenu le directeur général de Christie’s et il n’est pas pour rien dans le retour de Cécile…
On l’aura compris, cette femme brillante, à l’œil qui pétille et à l’enthousiasme communicatif, est très courtisée. Mais ses premiers mots ont été pour son équipe et tous les experts de la maison qu’elle souhaite mettre beaucoup plus en avant, afin de poursuivre le développement de Christie’s. Symbole de cette nouvelle ère, la galerie d’art qui faisait l’angle entre la rue de Ponthieu et la rue Matignon vient d’être rachetée, afin d’être transformée en espace où seront accueillis les clients. « Le service est également au centre de nos préoccupations. »
www.christies.com
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