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Immobilier - « Emily in Paris » attire une nouvelle clientèle américaine, fan du « so charming » de l’ancien

Les Américains s'offrent le Paris d'Emily

LE PARISIEN - Par Anne-Laure Abraham le 23/02/2023

 

PHÉNOMÈNE I Énorme succès, la série « Emily in Paris » a dopé l'attractivité de la capitale. Un engouement qui se ressent aux abords des lieux de tournage, rue Vavin et autour du jardin du Luxembourg (VIe).

« Vous voyez, là, cette vue sur une cour arborée, ce parquet ancien, ces bibliothèques remplies de livres... C'est tout à fait dans l'esprit d'Emily in Paris (EiP) et c’est tout à fait ce que recherche en ce moment la jeune clientèle américaine aisée. » Carole de Vellou est la responsable de l’agence Daniel Féau, située dans le VIe arrondissement de Paris. Ce lundi après-midi, elle nous fait visiter un appartement de 102 m², situé rue Vavin, à deux pas du jardin du Luxembourg, en vente 1 950 000 €. C’est dans ce quartier qu'a été tournée une partie de la saison 3 de cette série qui magnifie la vie parisienne en suivant le quotidien d'Emily, une jeune Américaine mutée à Paris pour une année. « Ici, c’est l’appartement de la patronne d'Emily », indique la responsable, au niveau d'une petite place du quartier. Les rues sont animées avec une boulangerie, un bistrot, des enseignes de mode, un caviste, etc. Raillée ici pour sa vision déconnectée de la réalité, cette fiction dope l’attractivité de la Ville Lumière. Selon un sondage réalisé par l’Ifop* pour le site d’information voyage Bonjour New York, 47 % des Américains ayant vu la série ont une très bonne image de Paris, soit trois fois plus que ceux qui ne connaissent pas ce programme (17 %). D’autre part, 54 % des personnes ayant vu « EiP » souhaiteraient vivre dans l’Hexagone, contre 25 % chez ceux qui ne l’ont pas vu.

 

Le côté « so charming » prend le dessus 

 

Un engouement qui se traduit significativement dans le secteur de l’immobilier. Le nombre de visites réalisées avec des Américains a ainsi augmenté de 25 à 30 % selon l’agence Daniel Féau Luxembourg. « II s’agit d'une clientèle plus jeune qui veut vivre comme des Parisiens », indique Carole de Vellou. Caroline Baudry, responsable de l’agence Barnes du Marais, confirme : « La série fait découvrir nos quartiers, notamment aux jeunes startupeurs, qui veulent être au cœur de la gastronomie, de la mode et des galeries d'art. » Bien sûr, la parité dollar euro, très avantageuse pour cette clientèle, joue beaucoup, ainsi que les conditions d’emprunt et les perspectives ouvertes grâce au télétravail. « Paris n’est pas cher aux yeux des Américains », souffle Sébastien Kuperfis, président du groupe Junot. Mais la série a aussi fait évoluer la demande, selon Féau : « Ce qui est nouveau, ce sont des Américains qui veulent habiter comme dans EiP dans des immeubles de faubourg, c’est-à-dire non haussmanniens. C’est là où, à mon sens, il y a un changement de paradigme. Ils ne cherchent pas quelque chose qui ressemble à un hôtel, mais un appartement parisien avec le charme de l’ancien. Ils trouvent ça so charming. Ils veulent l’ancrage local, que tout le monde les connaisse, le bistrot... », avance Nicolas Pettex, directeur général de Daniel Féau et de Belles Demeures de France, qui revendique 25 % d Américains parmi sa clientèle étrangère. Le cinq-pièces de 102 m2 visité ce lundi, situé au 2e étage sans ascenseur, a séduit une jeune Américaine, mais aucune offre n’a été faite pour l'instant : « Elle est venue de Californie avec son papa qui achèterait pour elle. Quand ils ont découvert les lieux, ils ont fait waouh ! Ils ont trouvé ça super joli », relate Carole de Vellou. Les plus : le parquet ancien en point de Hongrie, le style cosy, le double salon sur rue et, surtout, côté chambres, la vue qui donne sur la cour avec un arbre : « C’est un havre de paix dès qu’on passe le porche, pointe-t-elle. Les gens adorent. »



 

« J'aime beaucoup aller à la boulangerie, boire un café au bistrot... »

 

L’attrait pour les « petites » surfaces est également notable. « Emily dope le marché. La clientèle haut de gamme est toujours là, mais il y a une catégorie en plus. Ça apporte une internationalisation des acquéreurs sur les petites surfaces », pointe Nicolas Pet tex. La proportion d’étrangers sur les biens au-dessous de 750 000 € à Paris intra-muros est passée de 16,10 % en 2019 à 29 %en 2022, et de 22,4 % en 2019 à 31,4 % en 2022 pour la catégorie allant de 750 000 € à 1,5 million d’euros. Un phénomène lié à l’augmentation « très sensible » du nombre d’Américains en quête d’acquisition, selon le directeur général de Daniel Féau.

 

Emma a ainsi acheté un appartement de 45 m2 avec terrasse rue de la Grande-Chaumière à 695 000 €. Cette Américaine de 35 ans, qui travaille dans la publicité, rêvait de retrouver le quartier où elle a passé une partie de ses études : « J’aime beaucoup aller à la boulangerie, boire un café au bistrot sur la place Vavin, faire mon jogging dans le jardin du Luxembourg... J’ai mes habitudes. » Pour elle, les épisodes d’« EiP » reflètent bien la vie de quartier... « Bien sûr, la série véhicule une vision idéalisée de Paris, mais je ne suis pas sûr que la vie d’un Américain qui achète ici soit si différente de celle d’Emily in Paris », sourit Nicolas Pettex. Cet afflux de clientèle fortunée fait grimper les prix. « Au moins 15 % de plus pour les appartements qui donnent sur la place Vavin... », selon Carole de Vellou. Elle vient de vendre un 46 m2 situé au 5e étage sans ascenseur rue Bréa à 670 000 € : « Cest 20 % de plus que si ça avait été acheté par des Parisiens... », estime-t-elle. L’enthousiasme rejaillit sur les autres quartiers de Paris : « Dès qu’il y a une jolie place, un caviste, un fleuriste, ça marche ! Et ça se re trouve dans des coins où Emily n’a pas mis un pied : Auteuil (XVIe), Martyrs (IXe XVIIIe), rue de Lévis (XVIIe)...», confirme Nicolas Pettex.

 

*Étude réalisée auprès d'un échantillon représentatif de 1113 Américains.

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