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"C’est une propriété d’une rareté inouïe qui sera vendue le 23 janvier aux enchères. Une demeure
cachée derrière un immeuble abandonné depuis trente ans dans le VIIe arrondissement de Paris.
Rue Oudinot (VIIe). L’ensemble se compose d’un bâtiment sur rue, d’une cour intérieure et, ici, d’une demeure à sur un immense espace vert, lui-même entouré de plusieurs jardins
LES AGENCES immobilières parleraient d’un bien d’exception. Unique. Rare. Les qualificatifs ne sont pas usurpés.
Dans son annonce légale, Me Bruno Picard, avocat chargé de l’affaire, indique plus sobrement qu’"un ensemble immobilier comprenant trois corps de bâtiment d’une superficie totale de 1592 m² édifiés sur un terrain cadastré de 2 032 m² sera mis à prix 6 M€ lors d’une vente publique le jeudi 23 janvier, à 14 heures, au tribunal de grande instance de Paris (XVIIe)".
Aujourd’hui, de 9 heures à 13 heures, les curieux pourront découvrir et redécouvrir, lors d’une visite publique, les trésors de cet immeuble abandonné au 12, rue Oudinot, en plein milieu du VIIe arrondissement, à deux pas de Matignon et des Invalides.
L’état des lieux est si misérable qu’il a valu un procès-verbal provisoire d’abandon manifeste dressé le 24 décembre 1998 par le chef du service technique de l'habitat de la Ville de Paris. Pourtant, à l’arrière, dans le terrain transformé en friche verte et arborée donnant à quelques centaines de mètres de l’ancien appartement d’Yves Saint-Laurent et de Pierre Bergé, ce bien unique est au cœur d’une affaire de créance, de dettes et de banque... Personne, mis à part les intéressés, ne pourrait réellement expliquer les méandres juridiques qui ont conduit au tribunal la banque JP Morgan Chase Bank et une société néerlandaise dont le nom est long comme le bras. Une société créée par des proches des familles Galard Terrande et Rlmonteil de Lombares... de lointains descendants du duc de Bourgogne. Du beau monde.
« Le potentiel est énorme »
Pour autant, l’affaire aboutit ici à trente ans d’abandon de cet immeuble sur rue, muré, qui attire depuis quelques jours un défilé d’architectes, de promoteurs, de représentants de riches étrangers ou de capitaines d’industrie. Le téléphone de Me Bruno Picard ne cesse de sonner pour de nouveaux rendez-vous. Et l’agence Féau ne cesse d’organiser des visites individuelles.
Dans un coin de cet immeuble défraîchi, c’est par une porte de fer étroite qu’il faut passer pour découvrir les lieux. L’ancien porche qui menait à une belle cour pavée a été muré. Lui aussi. Il faut donc franchir un sombre couloir avec une triste impression de délabrement.
Rue Oudinot (VIIe). Derrière l’immeuble abandonné et muré se cachent un hôtel particulier au fronton de style XVIIe et sa cour pavée.
C’est comme si le temps s’était arrêté. On découvre un Paris oublié. - LAURENT RICHARD. ARCHITECTE
Et l’on découvre ce que certains appellent un hôtel particulier avec son fronton de style XVIIe. Impossible de se promener en sécurité dans ce bâtiment. Il faut passer au jardin, avec ses arbres anciens et ses herbes folles (classés espace vert d’intérêt patrimonial ou historique majeur) pour découvrir la belle façade « d’une demeure de campagne », comme la qualifient les experts de Féau. Petites fenêtres. Volets verts. Le bâtiment de deux niveaux - une ancienne maison de service de l’hôpital Cochin voisin, protégée au titre de son intérêt patrimonial - a besoin de lourds travaux. Mais il méritera, à coup sûr, des enchères et surenchères.
"C’est comme si le temps s’était arrêté. On découvre un Paris oublié. Il y a un caractère romantique des lieux qui fait oublier l’état tragique des bâtiments, souligne Laurent Richard, architecte venu visiter le site pour un de ses clients. Le potentiel est cependant énorme. Il faut un coup de cœur. Et le montant des travaux à réaliser dépendra du degré de luxe qui sera demandé." Au-delà de l’annonce légale sur le "Financial Times", dans un document officiel, Féau souligne le point clé de l’investissement : "Probablement une des dernières propriétés disponibles de cette importance dans le faubourg Saint-Germain." "L’ensemble se compose, ajoute la plaquette de présentation, d’un bâtiment sur rue, d’une cour intérieure et d’une demeure à l’arrière ouvrant sur un grand jardin, lui-même entouré de plusieurs jardins." Les photos prises récemment font rêver. Qui ne serait pas tenté, avec de gros moyens, de vivre là.
"C 'est un lieu ouvert au public, puisque c’est pour une vente publique", déclarent les spécialistes chargés de présenter les lieux. La visite ne se fait cependant que sur réservation. Et la porte ne s’ouvre qu’aux acheteurs potentiels. Mais à l’occasion de la visite publique, les habitants du quartier ne manqueront pas de vouloir jeter un œil sur l ’objet de leurs inquiétudes. Jean-Guy Collignon, président de l’Association pour la sauvegarde du site de la rue Oudinot, veille avec vigilance au respect de l’environnement... "Dans l’intérêt général"."
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