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En proposant aux enchères, le 22 octobre, la collection de sculptures du marchand d’art et collectionneur Paul Haim, Christie’s révèle au public des oeuvres de qualité muséale. Par Éric Jansen
C’était un jardin extraordinaire, caché le long de l’Adour, pas très loin de Bayonne et de Biarritz, à la frontière des Landes et du Pays basque. Pendant des années, il a accueilli, derrière ses frondaisons, une quarantaine de sculptures signées des plus grands noms : Auguste Rodin, Émile-Antoine Bourdelle, Aristide Maillol, Joan Miró, Fernand Léger, Alexander Calder, Étienne-Martin, Anthony Caro, Eduardo Chillida, Agustín Cárdenas, Niki de Saint Phalle… C’était le jardin secret du marchand Paul Haim et de son épouse, la photographe et peintre Jeannette Leroy. Baptisé « La Petite Escalère », ce musée privé n’entrouvrait sa porte qu’aux amis, qu’à quelques artistes et étudiants, mais était totalement ignoré du grand public. Plaisir d’initiés dont l’origine remontait à la fin des années 1960, lorsque le couple était tombé amoureux de cette région et d’une ferme entourée d’un bout de terrain. Paul Haim est alors un marchand très réputé à Paris, connu pour avoir initié les Japonais à l’impressionnisme et à l’art moderne… Il a organisé, là-bas, des expositions consacrées à Rodin et à Bourdelle – il est d’ailleurs lié à sa fille, Rhodia Bourdelle, tout comme il est proche de Dina Vierny, le fameux modèle de Maillol. Au gré de ces événements, Paul Haim conserve pour lui des oeuvres qu’il installe dans son jardin, dont la surface grandit au fur et à mesure des années pour atteindre vingthuit hectares…
La Caresse d'un oiseau, de Joan Miró.
La collection, elle aussi, s’étoffe et devient plus contemporaine. Ainsi, en 1984, Zao Wou-Ki crée spécialement pour le lieu une mosaïque de plus de sept mètres de long. Avec la complicité du jardinier Gilbert Carty, Paul et Jeannette se plaisent à disposer leurs oeuvres au milieu d’une bambouseraie, dans l’ombre d’un sous-bois ou à côté du potager. Pas question de faire un parc de sculptures traditionnel, avec socle et cartel. Encore une fois, la vocation n’est pas didactique. L’idée est de surprendre le visiteur par la présence inattendue d’oeuvres d’art dans un cadre bucolique, composant ainsi un véritable dialogue avec la nature.
Nana montée sur un oiseau, de Niki de Saint Phalle.
Paul Haim s’est éteint en 2006 et sa fille Dominique a pris la relève afin de faire vivre ce lieu unique, y organisant des résidences d’artistes. Mais la mort de Jeannette, en juin dernier, a mis un terme à cette belle aventure. Aujourd’hui, une page se tourne… pour le plus grand plaisir des collectionneurs. Et à défaut de pouvoir s’offrir les Gouvernails rouges de Calder (estimés entre 2 et 3 millions d’euros) ou la Nana montée sur un oiseau de Niki de Saint Phalle (estimée entre 300 000 et 500 000 euros), les amateurs pourront découvrir ces sculptures exposées avant la vente au siège social de Kering, situé au sein de l’ancien hôpital Laennec. Mises en scène par Nathalie Crinière, elles évoqueront une dernière fois ce couple hors du commun.
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