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Le 17 juin, Christie’s proposera aux enchères une partie des trésors amassés par le commandant Paul-Louis Weiller, aux collections aussi flamboyantes que sa vie. Par Éric Jansen
Il meurt le 6 décembre 1993, deux mois après avoir fêté ses 100 ans. Paul-Louis Weiller a traversé le XXe siècle avec panache. Héros de l’aviation pendant la Première Guerre mondiale, officier de la Légion d’honneur à 25 ans, brillant capitaine d’industrie, tout d’abord dans la construction de moteurs d’avion, avant d’étendre son empire à l'énergie et à la finance, il a accompagné sa réussite professionnelle d’un style de vie tout aussi flamboyant. À la tête d’une considérable fortune, il a multiplié les maisons où il recevait fastueusement têtes couronnées, puissants hommes d’affaires et artistes, autant à l’aise avec le grand-duc Jean de Luxembourg qu’avec Richard Nixon, Jean Paul Getty, Aristote Onassis ou Charlie Chaplin… Deux de ses résidences sont devenues légendaires : l’hôtel dit des Ambassadeurs de Hollande, dans le Marais, acquis en 1951, et la propriété La Reine Jeanne, à Bormes-les-Mimosas. Mais certains parlent de quarante propriétés, voire même de quatre-vingts ! Parmi celles-ci, plusieurs maisons en lisière du parc de Versailles qu’il achète afin qu’elles ne soient pas rasées et remplacées par une promotion immobilière. Un geste de philanthrope qui s’explique aussi par son profond attachement au château.
Huile sur panneau d’un suiveur de Lucas Cranach le Jeune et table de milieu italienne d’époque néoclassique.
Portrait d’Elsie de Wolfe par Bernard Boutet de Monvel, 1937.
Son ami Gérald van der Kemp en est alors le conservateur en chef et Paul-Louis Weiller lui apporte un grand soutien financier. Un mécénat dont il fera preuve aussi auprès d’artistes auxquels il vient en aide grâce à sa fondation et qui sera couronné en 1965 par son entrée à l'Académie des beaux-arts. En 2011, une vente aux enchères remettait à l’honneur ce personnage fascinant, qui en véritable hédoniste aimait les femmes, les oeuvres d’art et faire du ski nautique pieds nus à 80 ans ! Aujourd’hui, un nouveau coup de projecteur fait revivre son goût encyclopédique. Le 17 juin, Christie’s dispersera cent trente lots provenant d’une de ses maisons de Versailles. François Curiel, qui s'occupe de cette vente exceptionnelle, se souvient : "J’ai rencontré le Commandant dans les années 1970, au début de ma carrière chez Christie’s. Mobilier, tableaux anciens et modernes, orfèvrerie, livres anciens, boîtes en or, objets d’art chinois, bijoux, pierres précieuses… C’est un des collectionneurs les plus éclectiques que j’ai connus." Parmi les lots importants, on peut citer La Belle Strasbourgeoise de Nicolas de Largillière, un portrait de Benjamin Franklin par Joseph Ducreux, un canapé d’époque Louis XV avec l’estampille de Nicolas Heurtaut ou encore une soupière du service Orloff, estimée entre un et deux millions. "C’est le grand goût français, s’enthousiasme Lionel Gosset, directeur du département Collections chez Christie's, mais il y a aussi des toiles de Pierre Bonnard et de Bernard Boutet de Monvel, et même un portrait de Paul-Louis Weiller réalisé par un artiste contemporain. Cette vente fait revivre une figure légendaire."
La Belle Strasbourgeoise de Nicolas de Largillière.
Portrait de Benjamin Franklin, par Joseph Ducreux.
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