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Cela fait plus de vingt ans qu’elle préside à la création de la haute joaillerie Dior. Elle publie aujourd’hui un abécédaire à son image : baroque, joyeux et coloré. Par Éric Jansen
De A comme Abondance à Z comme Zigzag, l’abécédaire que Victoire de Castellane a élaboré avec l’aide d’Olivier Gabet, directeur du musée des Arts décoratifs de Paris, est une suite de souvenirs, de clins d’oeil humoristiques et de détails techniques qui évoquent les collections passées et renvoient à un savoir-faire indéniable. Lorsqu’en 1998, Bernard Arnault lui confie le lancement du département de la haute joaillerie chez Dior, il sait que la jeune femme a l’expérience de la mode et des bijoux fantaisie, puisqu’elle a passé quatorze ans auprès de Karl Lagerfeld chez Chanel, mais il ignore qu’elle va révolutionner la création en matière de pierres précieuses. « Quand je suis arrivée, se souvient Victoire, j’ai regardé ce qui se faisait ailleurs, et j’ai trouvé que la joaillerie s’était terriblement embourgeoisée. Elle avait perdu son sens de la gaieté, de la liberté, de la légèreté. » Allusion à un âge d’or de la vie mondaine et à ces femmes qui en étaient les reines, comme Helena Rubinstein que Victoire vénère ou encore la meilleure amie de sa grand-mère, une certaine Barbara Hutton…
Bague Carnivo Papidevorus de la collection Le Jardin des supplices, 2007 & Boucles d’oreilles Multicolore Printemps Spinelle Rose de la collection Gem Dior, 2019
Collier Bal de Mai de la collection Le Bal des Roses, 2011 & Manchette Valparaiso de la collection Idylle aux Paradis, 2009
Elle se plaît donc à renouer avec les bijoux baroques, « trop gros pour être vrais ! » Son goût pour les pierres de couleur, conjugué à leur profusion et à des compositions souvent asymétriques, « mais toujours équilibrées et justes », conquiert rapidement le coeur des femmes. Il faut dire qu’elle dessine des bagues appétissantes comme des bonbons. Collection après collection, elle affine son style, décline les fleurs chères à Christian Dior, puis imagine une flore plus sauvage, des plantes carnivores, ou un bestiaire fantastique peuplé de méduses serties de saphirs multicolores et de dragons aux yeux de rubis. Cette créativité débridée, gourmande, ludique, ne manque pas de faire des « émules ». Secouées par cette nouvelle approche, de nombreuses maisons de joaillerie suivent ses pas… Mais Victoire marche en tête, renouvelant avec esprit ses sources d’inspiration, imaginant des créations à base de bijoux anciens, replongeant dans les archives maison pour concevoir une collection inspirée par la dentelle ou osant des motifs abstraits aux subtiles nuances de couleurs. L’excentricité est toujours là, ou plus exactement le désir d’émerveillement d’une petite fille qui aime dynamiter la notion classique du luxe. La poésie plutôt que le nombre de carats. Une certaine forme de dandysme au fond, qui n’aurait pas déplu à son arrière-grand-oncle, Boni de Castellane. Dans son Palais Rose qu’il fit construire avenue Foch grâce à l’argent de son épouse, l’héritière américaine Anna Gould, il donna des fêtes somptueuses et finit ruiné. Avant de mourir, il publia son autobiographie : L’Art d’être pauvre... Chic jusqu'au bout.
Collier bosquet de la Salle de Bal Émeraude de la collection Dior à Versailles, côté jardins, 2017 & Collier Vert Prairie Émeraude de la collection Gem Dior, 2019
L’Abécédaire de Victoire de Castellane – Dior Joaillerie, Éditions Rizzoli
www.rizzoliusa.com
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