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Son château de Champ de Bataille est l’arbre qui cache la forêt. En toute discrétion, le décorateur enchaîne les projets à Paris, Londres, New York. Fameux pour ses hôtels, il est aussi très demandé pour des maisons privées hors normes. Par Eric Jansen.
Les bureaux de son agence laissent rêveur : une suite de salons en enfilade face au jardin des Tuileries… Et trois étages derrière. Cela fait 25 ans que je suis ici, avec une équipe de trente personnes.» Jacques Garcia a toujours calqué son style de vie sur ses très riches clients. Ils auraient pu en prendre ombrage, ils ne l’en estiment que davantage. Une altesse royale orientale lui a même proposé de lui racheter Champ de Bataille. L’œuvre de sa vie. Vingt ans de travaux pour redonner à ce château du XVIIe siècle une magnificence qu’il n’avait sans doute pas. «Le plus beau musée privé ouvert au public.» Jacques Garcia aime les superlatifs. «Il y a là cinquante objets qui pourraient aller au Louvre ou à Versailles.» Deux lieux qu’il connaît comme sa poche : il a repensé dans le premier le département des arts décoratifs français des XVIIe et XVIIIe siècles, et restauré le second. « On a remeublé le Grand Couvert de la reine, le cabinet intérieur de Marie-Antoinette, trois pièces du Grand Appartement du roi, l’appartement de Mesdames…»
Jacques Garcia tutoie l’histoire. C’est son oxygène. Alors que le succès de l’hôtel Costes lui a collé une étiquette très Second Empire, il vibre plus encore pour le Grand Siècle. «Il ne faut pas oublier que j’ai habité pendant 20 ans la maison de Mansart, dans le Marais. Et je retourne aux sources! Je suis en train de faire le plus beau projet de la terre : la transformation de l’hôtel des Ambassadeurs de Hollande en hôtel ultra haut de gamme ;avec neuf appartements de prestige.» Son aisance à surfer sur les époques lui ouvre toutes les portes, même celles du château de Chambord, où il réaménage les appartements de François Ier. Quand certains ne jurent que par le minimalisme, Jacques Garcia se fait l’ambassadeur du décor. Et ça marche auprès de clients très privilégiés.
Fleuron de ses réalisations, une étourdissante maison dans la campagne anglaise où il avait carte blanche et il s’est fait plaisir : «Le cabinet en pierres dures a été offert par Louis XIV à la reine de Suède, la commode était à Marie-Antoinette, l’autre au Grand Dauphin… Les provenances royales, j’adore ça. » Ces clients d’exception étaient russes. Tout comme cet autre couple qui lui a confié la décoration de ses quatre résidences. S’ils vendent aujourd’hui leur pied-à-terre parisien, c’est sans doute pour pouvoir mieux profiter de leur château à la campagne, de leur villa de Sorrente, de leur propriété sur le lac de Côme ou de leur demeure romaine… «Ils ont les plus belles maisons dans les plus jolis endroits au monde », résume Jacques Garcia qui n’est plus à un superlatif près. Avant de s’enthousiasmer pour son dernier chantier. « Je vais livrer dans deux mois l’hôtel le plus tendance de Londres : L’Oscar décoré dans l’esprit d’Oscar Wilde. » Un autre esthète qui n’était pas ennemi du décor.
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