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L’absence des grands acheteurs étrangers consécutive au Covid-19 n’a pas fait baisser le prix au mètre carré. Le haut de gamme reste une valeur refuge veulent croire les agents immobiliers.
C’est une belle maison avec jardin dans une voie privée au cœur de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine). Elle a été vendue en juillet en une demi-journée : quatre familles ont fait une offre au prix du mandat, fixé à 3,3 millions d’euros. Des histoires comme celle-là ne sont pas uniques, raconte Thibault de Saint Vincent, le président du réseau d’immobilier haut de gamme Barnes, qui a réalisé l’opération : « Les ventes flash, conclues en quelques heures, sont nombreuses ; les acheteurs répondent présent. »
L’immobilier de luxe reste actif, avec des prix, dans Paris, généralement supérieurs à 15 000 euros le mètre carré, loin, très loin de la moyenne de 10 620 euros calculée par Notaires de France.
Les biens de prestige, situés dans des quartiers recherchés, avec belle hauteur sous plafond, parfois rénovés par un architecte, dotés d’une terrasse ou d’une vue sur tout Paris, ont la cote. Certains secteurs explosent même les statistiques : les acheteurs souhaitant s’installer au cœur des 6e et 7e arrondissements déboursent en moyenne 20 000 euros/m2.
Et certaines opérations défient l’entendement : cet été, le spécialiste de l’immobilier haut de gamme parisien iDaniel Féau a atteint 49 000 euros/m2 pour un appartement à proximité du jardin du Luxembourg. « Acheter un appartement à Paris reste une valeur sûre dans un marché de pénurie, où l’offre de biens à vendre est sensiblement inférieure à la demande », analyse Nicolas Pettex-Muffat, le directeur général de Daniel Féau et de Belles demeures de France.
Les acheteurs d’immobilier de prestige cherchent pour la plupart à se loger confortablement, qu’il s’agisse de leur résidence principale ou d’un pied-à-terre. Mais il s’agit aussi de réaliser un investissement de qualité, dans un contexte où les liquidités ne rapportent plus rien et où le CAC 40 a perdu 15 % de sa valeur depuis le 1er janvier. « L’immobilier haut de gamme est un placement refuge. Nous voyons des acheteurs disposant d’un budget de 3 à 4 millions qui cherchent un bien unique, aux prestations exclusives, pour le louer ou l’habiter, car ils savent que cela ne perdra pas de valeur », assure Laurent Demeure, le président du réseau Coldwell Banker France et Monaco.
Les acheteurs prêts à débourser 15 000 à 20 000 euros/m2 sont donc revenus sur le marché dès la fin du confinement. « Le marché est dynamique, les clients sont là, pour les petites surfaces comme pour les très grands appartements de 500 m2 », note de son côté Nathalie Garcin, présidente du groupe Emile Garcin.
Un enthousiasme partagé par le président de Sotheby’s International Realty France et Monaco, Alexander Kraft : « Nous enregistrons une hausse de 20 % des ventes réalisées par nos 55 agences entre janvier et juin, essentiellement grâce aux acheteurs français. » Représentant d’habitude la moitié de ses transactions à Paris, et jusqu’à 100 % sur la Côte d’Azur, la clientèle étrangère a en effet presque déserté le marché de l’immobilier de luxe hexagonal depuis la crise du Covid-19.
Rêve d’espace
« Nous avons pu organiser des visites physiques avec quelques clients américains et du pourtour méditerranéen cet été, mais la fermeture de certaines frontières, associée à celle des palaces parisiens, a limité la présence des grands acheteurs étrangers traditionnellement très actifs sur le segment de l’hyper luxe parisien », analyse Nicolas Pettex-Muffat chez Daniel Féau. A noter, la présence de quelques clients libanais à la recherche d’un placement en euros pour sécuriser leur patrimoine.
L’absence de ces millionnaires étrangers n’a cependant pas pesé sur les prix. « A Paris, la tendance reste à la hausse dans un contexte de pénurie de biens de prestige. Dans les autres métropoles comme Lyon, Bordeaux, Toulouse ou Perpignan, les prix sont stabilisés », juge Laurent Demeure pour Coldwell Banker. Avec des acheteurs de plus en plus sélectifs. « Nous commençons à voir un marché à deux vitesses : les biens sans défaut, en étage élevé, bien situés et rénovés se vendent vite et cher. Ceux ayant moins d’atouts doivent en revanche être moins chers », nuance Thibault de Saint Vincent chez Barnes.
Autre tendance très récente, les citadins, même confortablement installés, rêvent de plus d’espace et d’un jardin depuis le confinement. « Nous avons des demandes de Parisiens qui souhaitent installer leur famille dans une maison à l’ouest ou au sud de la capitale, par exemple proche de Fontainebleau, et qui envisagent d’y télétravailler quelques jours par semaine », confirme Nathalie Garcin.
Le phénomène alimente aussi des marchés plus lointains, comme à Bordeaux, où les prix sont stables depuis le début de l’année. « Le marché est actif. Pour les appartements haut de gamme dans le centre, les acheteurs déboursent entre 6 000 euros/m2 et 8 000 euros/m2, voire 10 000 euros/m2 pour les biens exceptionnels », confirme Aymeric Sabatié-Garat de Barnes Bordeaux, qui voit de plus en plus de Parisiens s’installer dans des quartiers facilement accessibles depuis l’aéroport ou la gare. Même constat pour Thomas Vantorre, de Barnes Lyon : « Un quart de nos acheteurs sont des Parisiens qui cherchent une nouvelle qualité de vie pour des prix compris entre 6 000 euros/m2 et 12 000 euros/m2 pour les biens exceptionnels. »
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